ozark / ghalia

Où étais-tu le soir où Jenna Welsten a été tuée ? : je n'étais même pas en ville, heureusement. ma mère fêtait son anniversaire et pour une fois, j'avais décidé d'y aller. moi qui d'habitude ne me donne pas la peine de faire le chemin jusqu'au texas, la seule fois où je le fais il se passe quelque chose d'intéressant en ville. génial.
Parle nous de ta famille ? : elle est banale. ennuyeuse. mais je l'aime, de tout mon coeur. ma mère, mon père, ma soeur. je les aime, je tuerais pour eux. vraiment. il n'y a rien que je ferais pour eux, mais j'ai tellement de mal à l'exprimer que je me demande parfois si ils savent à quel point je les aime. au fond, oui, ils doivent le savoir.
De quoi as-tu peur ? : je n'ai pas les même peur que tout le monde. je n'ai pas peur de mourir. pas peur de me faire mal, de me blesser. je crois qu'au final je vie pour surmonter mes peurs, pour ne pas les laisser me définir. mais il y a bien une peur récurrente que je n'arrive pas à faire taire : ma peur de l'engagement.
cliché ? je sais. mais je ne parle pas uniquement d'un engagement "romantique" tout type d'engagement, de déclaration, de lien quelconque m'est impossible. je ne peux pas être une petite amie. une fiancée. une véritable amie. ou même une sœur ou une fille sur qui on peut compter ou une mère. d'être mère.



je suis née dans le texas, j'y ai grandi. j'ai encore cet accent texan qui fait rire les habitants d'honeydale. il n'est pas énorme pourtant, on l'entend. la vie, là-bas, était belle, trop belle, trop jolie pour une fille aussi simple que moi. trop aisée. trop gâtée. vous n'entendrez pas beaucoup de gens dire ça, mais je voulais moins. je trouvais ça... indécent. je ne me sentais pas à ma place, mais je l'étais. compliqué à expliquer. mon amour pour ma famille est plus grand que mon amour pour qui que se soit d'autre. mais je ne l'exprime pas, je ne le dis pas, et je ne le montre pas non plus. je compte sur le fait qu'il le sache, qu'il s'en doute. enfant, j'étais inséparable de ma jumelle. adulte moins, mais le lien est toujours là. je la surveille, je la protège, je la juge, veux la contrôler. je n'y arrives pas. à honeydale, ma vie semble simple. je vis de mon art, de ma photographie. une vie décente, simple. mais au fond, je n'aime pas la simplicité. je me mélange à des gens dangereux, j'aime ça. j'aime le danger. les complications. les personnages endommagés, brisés, ils m'attirent. je les cherche. eux, les problèmes. je suis toujours là où il ne faut pas, je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Je me mets en danger. une partie de moi aurait envie d'être endommagé, d'avoir autant de substance. peut-être que je me sens fade, peut-être que c'est ça qui me pousse à chercher le danger. ou peut-être que j'aime juste ça. j'adore ça. je ne prends rien au sérieux, la vie ne devrait pas l'être. pas autant. je vis dans un rêve, le rêve que je faisais petite, j'ai ma vie de rêve, mon petit cercle, mes mésaventures. j'ai peur de me réveiller, brusquement, et que la réalité me rattrape. que mes actions aient des conséquences, que j'ai à grandir, et vite.
j'ai peur d'être mère. j'ai peur de prendre une décision. j'ai peur de le dire au père.
pour la première fois en vingt-cinq ans, j'ai peur.