the hunt to be present

Archie, Archie, Archie... Archibald, pour ceux qui souhaiteraient connaître l'entièreté de son prénom. Néanmoins, peu sont ceux qui l'interpellent de cette façon et c'est à peine s'il se reconnaît lorsqu'il est utilisé. Depuis toujours, Archie s'articule sur les lippes bavardes, de ceux qui murmurent des fabulations à son égard, de ceux qui admirent d'une discrétion pas si prudente. Pourtant, il n'a rien entrepris de bien glorieux. Les pas se sont ancrés dans la petite ville pas si sereine de Honeydale et peu ont été les fois où il a quitté l'enceinte même de la métropole. Voyages scolaires qu'il peut compter sur les doigts d'une main, l'aventurier qu'il est se contente des plaisirs qu'offre les parcelles de nature conservées. Archie, c'est un train de vie quotidien, une routine qu'il a mené pendant un certain temps, un temps certain. A ses bras, la donzelle d'une époque terminée, enterrée, rencontrée au lycée. Si Archie a fréquenté beaucoup de filles à l'époque, c'est à l'âge de vingt ans qu'il se décide enfin à succomber aux charmes et grâces émanant de celle qui, deux ans plus tard devenait son épouse. Ils laissaient montrer ces images d'eux, ceux dont les perfections cachent les défauts, ces ratures sombres qui encrassent un tableau. Aux yeux des autres, ils semblaient être harmonieux, bien trop pour que cela ne soit que purement réel. Aucune authenticité, Archie longtemps peignit un sourire sur les lippes fatiguées de prétendre, sur les traits éreintés par les mensonges qu'il commençait, lui-même, à avaler sans réfléchir. Elle était un monstre, créature pourtant séduisante dont les filets s'étaient enroulés tout autour de lui et qu'il lui était impossible de taillader. A chaque fois qu'il voulut apaiser les tensions, la pression, vive et brutale, se resserrait. Et il devint davantage complexe de jouir d'un semblant de liberté, lorsqu'ils eurent une fille, Maddi. Maddi, une perle dont la valeur ne peut être estimée par un prix. Maddi, à qui il donnerait tout ce qu'il possède, son âme, sa vie, une dernière respiration. Elle fut la raison pour laquelle il resta dans cette union toxique et, au jour d'aujourd'hui, les décisions faites sont parsemées d'un regret qu'il n'ose énoncer de vive voix. S'il en avait choisi d'autres façons, peut-être qu'elle serait encore à ses côtés, là, un sourire apaisant et le rire railleur résonnant entre les façades de la maisonnée. Peut-être que s'il avait divorcé plus tôt, peut-être que si l'impulsivité n'avait pas pris le dessus, qu'il n'avait pas décidé de fuir avec la marmaille, peut-être qu'elle serait, là, dans le lit de gamine qu'il avait construit de ses propres mains et qui, désormais, n'accueillait qu'un néant accablant. Archie, il s'en veut. Mais, d'un autre côté, il est aussi heureux. Heureux de savoir que Maddi est entre de bonnes mains, heureux de savoir que l'infâme ne peut que trop peu l'approcher désormais, à son image, un jour par mois seulement qui lui semble à chaque fois passer à une vitesse affolante. Archie n'a jamais été plus libre que ce qu'il n'est aujourd'hui. Ou du moins, c'est une facette qu'il laisse paraître. Pour se consoler, de cette emprise toujours ingouvernable et incontrôlable, de cette ombre qui, au-dessus de lui, lui rappelle de façon incessante les échecs subis. Cette ombre qui murmure inlassablement à ses oreilles, carcasse omniprésente d'une ex-femme qu'il doit croiser chaque jour, encore et encore dans un cycle interminable. Archie, il a aimé, ce bout de femme qu'il pensait chétif, fragile, impétueux mais qui, en réalité, n'est qu'une chair pleine d'atrocité, de férocité. Archie, il l'aime encore aujourd'hui bien que cela ne soit que de façon platonique et, pourtant, de toute son âme, il souhaiterait la détester. Passer à autre chose, tourner une page qui ne veut disparaître et qui, jamais sûrement, ne s'effacera.