angel by the wings (harry)

Où étais-tu le soir où Jenna Welsten a été tuée ? : Trop près. J'aimais me rendre à cette kermesse annuelle, y déambuler et s'empiffrer de cochonneries. Liz adorait me prendre la main et admirer toutes les lumières scintillantes des attractions, notre rituel était même de partager une immense barba à papa, rires assurés. Cette année, et comme les précédentes dizaines, je m'occupe personnellement d'y aller patrouiller. Vous voyez, m'y rendre en uniforme me rend moins nostalgique. La soirée se déroulait merveilleusement bien, jusqu'à ce qu'un mouvement de masse perturbe l'ambiance. Je me souviens de son regard, le choc émotionnel était trop important et j'ai vomi mes tripes.
Parle nous de ta famille ? : Ma famille se vide de son essence-même, et j'en suis en grande partie responsable. Je n'ai plus les forces pour porter ce qui reste de notre famille, pourtant je suis un père, je devrais être capable de réconforter mes enfants. Le mutisme -et ma bouteille de whisky- est ma seule délivrance, parler fait souffrir et écorche la cage thoracique. Avant cela, nous étions une famille disloquée mais unie. Liz nous a toujours manqué mais nous faisions en sorte qu'elle soit fière de cette petite tribu.
De quoi as-tu peur ? : J'ai terriblement peur de perdre ce qu'il me reste, Daphney & Iris. Cela décimerait davantage ma raison de vivre. La vie est déjà devenue tellement plus grise sans Jenna, la noirceur de la nuit serait alors bien plus rassurante. Je suis conscient que tout me glisse entre les doigts, qu'il est nécéssaire que je me reprenne en main sinon mes peurs se concrétiseront. Mais je n'y arrive plus, ou du moins pas encore.

UN Boute-en-train et sociable, il adorait recevoir du monde dans son jardin pour un barbecue sous le soleil estival. Lorsque ce n’étaient pas les voisins, c’était sa bande de potes. Une maison pleine de vie était son plaisir, il laissait d’ailleurs assez régulièrement la maison aux mains de ses filles pour leurs soirées tandis qu’il passait la sienne au pub ou devant un match de football entouré d’amis. DEUX Autour de son cou se trouve toujours son alliance, accrochée à une fine chaîne. Un souvenir de ses belles années passées aux côtés de Liz, son épouse que ses rêves font ressurgir de temps en temps. Il n’est pas friand des cadres photo, trop de souvenirs à son goût. Cependant, il en avait tout de même laissé aux murs ou sur les meubles, pour que ses filles aient des repères visuels de leur mère ainsi que de leur enfance. Maintenant qu’un être cher supplémentaire a disparu, Harry n’a plus supporté de voir les images du passé, le narguant à chaque porte franchie. Une nuit, dans un alcoolisme profond, il a brisé tous les cadres. Se coupant au passage. TROIS N’étant pas pauvre de base et son salaire se trouvant être plus que correct, avec une pension militaire par dessus le tout ; les Welsten n’ont jamais manqué de rien. Harry est fier de pouvoir offrir à sa famille une belle maison dans le quartier de Bates, de bonnes études ainsi qu’un confort financier certain. Néanmoins, il n’a sous aucun prétexte cédé au moindre caprice de ses enfants. Enfin, c’est ce qu’il aime se raconter. Bien que son autorité parfois militaire était de mise, il est toutefois resté le papa poule qu’il était dès qu’il a posé son regard sur la frimousse des ses princesses. QUATRE Depuis le meurtre de Jenna, il reste enfermé la plupart du temps dans son bureau, chez lui. Une grande pièce qu’il apprécie beaucoup, c’est son monde, une décoration masculine rehaussée d’un bureau en chêne massif ainsi qu’un sofa en cuir émeraude. La bibliothèque fait son effet à chaque fois, beaucoup d’objets trônent dans la pièce à l’odeur de cigare. Des objets possédés d’une histoire qui leurs est propre. CINQ Parfois, il surprend ses collègues à pointer le bout de son nez au poste. Simplement pour superviser un dossier ou l’autre, signer quelques papiers et régler les problèmes internes qui nécessitent son aval. Sa présence est plutôt qualifiée d’apparition, le corps est présent mais pas l’esprit, celui-ci toujours auprès de sa bouteille. Il se donne simplement bonne conscience en consacrant quelques heures par semaines à son job, autrefois si important à ses yeux. SIX Le sommeil l’a déserté depuis la vision d’horreur qui a fait parlé d’elle jusque sur les réseaux sociaux. La seule solution qu’il ait trouvé pour se reposer un peu est l’alcool. Lorsque la dose est suffisamment élevée, il arrive enfin à fermer ses paupières sans revoir la scène tragique. Le whisky est devenu une drogue, soulageant sa peine et ses larmes. Devenu indispensable à sa survie, même dans le café du matin. SEPT C’est un fan de jazz, le genre de gars à posséder une collection impressionnante de vinyles dédiés aux rois de ce courant musical. Certains sont dédicacés, il lui est arrivé de parcourir de longues distances afin d’assister à un concert qui lui était inconcevable de manquer. Désormais, ces classiques tournent en boucle dans son bureau pour meubler sa solitude. HUIT Le bricolage était un hobby, lorsqu’il avait un moment de libre, il se consacrait volontiers à de petits travaux dans le but de faire de la maison un nid douillet et convivial. Il prenait soin de la pelouse, veillait toujours à ce que les barrières devant la demeure soient d’un blanc éclatant. Ce n’est pas un homme superficiel, il souhaitait simplement que Jenna, Daphney et Iris soient fière de porter le nom Welsten ; un nom connu et respecté en ville, un nom de survivant qui n’a nul besoin de pitié. NEUF La maison compte, depuis le décès de Liz, une femme de ménage. Harry étant trop occupé avec ses filles. Cette femme a consacré une bonne partie de sa carrière à la maison du Shérif, elle a vu les demoiselles grandir et a assisté au récent drame. Mauvais concours de circonstances, elle a du prendre sa retraite il y a quelques semaines. C’est avec le cœur lourd qu’elle s’est en allée, laissant les Welsten dans un état pitoyable. Les nouvelles prétendantes au poste ont déserté les unes après les autres, ne supportant pas l’ombre qui plane au-dessus de cette famille. Mais il y a bien cette jeune sans vraiment d’expérience dans la tenue d’une telle baraque, elle tient bon. A vrai dire, son statut financier ne lui permet pas de démissionner, alors elle s’investit dans ce malheureux job. Elle fait plus que ce qu’elle devrait, Harry ne faisant plus rien de ses journées à part contempler son vide intérieur, elle s’occupe non seulement de faire les courses mais également de préparer les repas. En plus du ménage, il lui est arrivé de sortir la tondeuse pour l’entretien de la pelouse et l’épuisette pour la piscine. Elle est courageuse cette jeunette. DIX Avant de rencontrer Liz, il ne se voyait pas du tout dans le rôle de père. Et puis, les naissances l’ont révélé comme un gars tendre, un homme qui avait peur d’écraser ces si petites choses avec ses gros bras. Il les a aimée tellement dès le début, qu’il a démissionné de son poste à l’armée. Il ne souhaitait pas qu’il lui arrive malheur et qu’elles soient obligées de grandir sans lui. Harry se souvient très clairement des premiers pas de Daphney dans le jardin, écrasant au préalable ses petites fesses dodues sur le gazon. Il se remémore des premiers mots de Jenna, ceux-ci ne furent pas les traditionnels ‘maman’ ou ‘papa’ mais un ‘dada’ destiné à sa jumelle. Et Iris, il se rappelle avoir embrassé ses genoux de baisers magiques après sa première chute à vélo, alors qu’elle apprenait à rouler à deux roues. Il les aime tant, bien que pour le moment il soit trop aveugle pour s’apercevoir du mal qu’il leur inflige.